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AFFAISSEMENT DE LA FAMILLE ET DES MŒURS.

boutant héréditaire de toutes les institutions monarchiques. Dans une démocratie, où tout branle, s’éboule, se liquéfie, se décompose au hasard des secousses politiques et sociales, une Académie, c’est-à-dire, par définition, un corps d’élite et privilégié, qui vit de tradition, un tel corps se trouve orphelin, abandonné. C’est en vain que pleuvent sur lui les dotations et les legs. Il est sans cesse menacé par la convoitise et la cupidité des meneurs et dupeurs du peuple. Afin de les apaiser et de les amadouer, il faut donc qu’il les accueille dans son sein et, avec eux, tous ces travers funestes qui faisaient la joie d’Aristophane. Le jour où le révolutionnaire, ayant rempli sa besace, et désirant la garer, se fait conservateur, il sollicite un de ces fauteuils où l’on dort si bien, sous un simulacre de lauriers ; et les conservateurs, croyant encore à sa puissance, (alors qu’elle est déjà passée à un loup maigre), s’empressent de l’accueillir parmi eux. J’ai assisté trop souvent à cette comédie pour n’en avoir pas noté, avec les amusantes phases, les traits principaux.

Prenons, par exemple, l’Académie française : à toutes les époques, il est bien entendu que la brigue et l’intrigue ont fait pénétrer en elle des médiocrités, au détriment d’écrivains de valeur, qui avaient droit à son accueil. Mais c’est au courant du Stupide, et notamment de sa seconde moitié, qu’elle a commencé à devenir un Conservatoire de politiciens, dont elle s’est trouvée, à un moment donné, quelquefois fort embarrassée. Tel ce malheureux Émile Olli-