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AFFAISSEMENT DE LA FAMILLE ET DES MŒURS.

écoles. Grave besogne, où la mort le surprit. Pendant quelques années, la presse radicale et une bonne partie de la presse libérale le représentèrent comme une sorte de génie, sans alléguer d’ailleurs — et pour cause — aucune preuve à l’appui de cette appréciation non motivée. Aujourd’hui Paul Bert apparaît ce qu’il était en réalité : un idiot. Mais c’est un idiot qui a agi, grâce à la complicité de l’ambiance, et dont la nocivité a pesé et continue à peser sur l’enseignement public.

Après la guerre de quatre ans, il s’est passé quelque chose de singulier et de bouffon : La République (momentanément tirée d’affaire par la supériorité de l’École de guerre française sur l’École de guerre allemande, car tout est là), ressentant confusément quelque gêne de l’impureté de ses origines, hésita à commémorer Gambetta, tout en concevant la nécessité de le commémorer. Le cœur du faux grand homme, à la suite de circonstances bizarres, demeurait conservé, à part de sa dépouille, dans un bocal d’alcool, comme une pièce anatomique. On imagina de le porter, en grande pompe, ce cœur, d’abord au Panthéon, directement, puis au Panthéon, en passant par l’Arc de Triomphe ! Ces tergiversations donnèrent lieu à maintes polémiques burlesques, d’où la mémoire du Décordé sortit quelque peu écorniflée, comme disait Jules Renard. Mais à quiconque voudra connaître le rôle exact de Gambetta pendant l’autre guerre franco-allemande, je recommande par-dessus tout la lecture de l’ouvrage incomparable de Henri Dutrait