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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

tendait secrètement avec Bismarck, par l’intermédiaire de la Païva et de son amant Henckel de Donnersmark. Sidérés par la faconde du borgne sonore, les salonnards et conservateurs de l’époque firent ce succès, plus que les vieux copains du café de Madrid. Quand le pitre bien doué mourut des suites d’une balle de revolver, tirée au cours d’une scène de faux ménage, ses prétendus adversaires le pleurèrent, autant que ses partisans, et jetèrent naïvement un voile pudique sur les circonstances vraies de ce sale trépas. Le testament de leur Gambetta (politique s’entend) ce fut cet anticléricalisme français, d’ordre de Bismarck, qui faisait pendant au « kulturkampf », et lui survécut.

À d’autres époques, il y eut chez nous des Tartuffes du style et de l’envergure de Gambetta. Mais on leur arrachait leurs masques. La légende gambettique, bien que sérieusement entamée, dure encore. De telles plantes grasses ont souvent prospéré sur le fumier de la démocratie.

Dans un autre genre, Paul Bert, le faux savant, est très représentatif de la seconde moitié du XIXe siècle. Il avait de connaissances juste assez pour se figurer qu’il savait tout, pour alimenter son outrecuidance. Du fatras de physiologie et de biologie, qui se bousculait dans sa pauvre cervelle infatuée, était issue cette persuasion de la non existence de Dieu, qui est l’apanage du primaire exalté. Il conçut que, pour faire le bonheur des Français, il fallait extirper Dieu de l’enseignement et aussi de la charité publique, des hôpitaux comme des