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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

Car si du divorce, nous passons à l’enseignement, il n’est pas niable, une seule minute, que le prétendu enseignement laïque du dernier quartier du XIXe et de sa queue jusqu’en 1914, soit, plus exactement, un enseignement kantien, c’est-à-dire luthérien et allemand. Cela, aucun conservateur, aucun libéral, aucun républicain patriote n’a voulu le voir, et quelle plus grande preuve de stupidité (au sens étymologique du terme) que cette incapacité d’énoncer le mot d’une situation jugée criminelle et funeste ! Il n’y a pas d’enseignement sans morale. La morale est à la base et à l’origine de l’enseignement, comme l’oxygène est à la base et à l’origine de la respiration. Sans une morale, quelle qu’elle soit, l’enseignement croule, non seulement comme le pensait Guyau, faute d’obligation, et donc de sanction, mais encore faute d’assises et d’ambiance. Or, pour un Français, il n’y a pas deux morales, il n’y en a qu’une : la morale catholique, incorporée à notre sang, à notre humeur, à notre habitus, à notre conduite depuis des centaines d’années et inséparable, même aux yeux de l’athée logique, de l’esprit, du cœur national. Qu’est-ce qu’une morale qui ne serait point traditionnelle, dont la carte muette ne persisterait pas, par l’hérédité, dans l’âme de l’enfant ? Eh bien ! les « novateurs » du XIXe cherchant une morale qui ne fût point la catholique, n’en découvrirent qu’une : l’impératif catégorique de Kant, fils du libre examen de Martin Luther. Au centre de la table du repas évangélique, tel que l’a peint Fra Angelico (dans