Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
180
LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

métaphysique que ne donne pas la philosophie occidentale. Mais comment le jeune homme prierait-il, s’il ne voyait son père prier et fervemment ? Ayant vécu, observé, élevé des enfants, j’affirme que l’éducation (sur laquelle repose l’instruction) est impossible, elle-même, sans la religion. C’est pourquoi la frénésie anticléricale, au XIXe siècle, a porté à l’éducation, et donc à la famille, à la vie de famille, un coup terrible. Je dis la frénésie anticléricale, apparente ou masquée. Car il y a un fanatisme qui ne s’avoue point, un fanatisme hypocrite et feutré, un fanatisme à fond huguenot, merveilleusement enlacé au dogme démocratique, cohabitant et grandissant avec lui, dont les ravages, de 1789 à 1914, ont été pires encore que ceux du fanatisme à découvert.

La guerre de religion, en France, au XIXe siècle, a été menée par les juristes, et dans le législatif, contre le catholicisme, religion nationale et, comme telle, maintenant la famille française. Ç’a été, avec les grandes guerres démocratiques qui ouvrent et qui ferment le Stupide, la principale occupation des deux Empires et des trois Républiques, dont l’essence politique (nous l’avons vu) est identique. Le protestantisme s’est chargé de la guerre religieuse dans l’enseignement. Le judaïsme, puissant surtout par sa finance internationale (démocratie, c’est ploutocratie), s’est chargé de la guerre religieuse dans la famille et dans l’État proprement dit. L’entreprise administrative et électorale anticléricale, connue sous le nom de maçonnerie, s’est