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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

C’est la faillite sur toute la ligne.

Cependant que le divorce rongeait et minait la famille bourgeoise, l’industrialisation, le centralisme administratif et le fonctionnarisme, renforçant les méfaits du partage forcé, rongeaient et minaient la famille paysanne. L’intervalle de la sage Restauration mis à part (qui fut comme une halte ou répit, dans le Stupide, entre les hécatombes du premier Empire et les hécatombes du second, puis de la troisième République) cette machine à dépeupler, qui est la démocratie, plébiscitaire ou parlementaire, commença à tarir la sève familiale. Les économistes, ces carabiniers, ne s’en aperçurent et ne se mirent à crier et hurler, que le mal déjà profondément enraciné. Après eux vinrent les thérapeutes et doctes académiciens et penseurs (respectueux bien entendu de ce régime, cause du mal dont ils s’inquiétaient) lesquels proposèrent des remèdes en forme de cautères pour jambes de bois. Nous en sommes présentement aux philanthropes,, qui fondent des prix pour les familles nombreuses. Mais il en est très rapidement des prix académiques comme de ces lots des tirages d’emprunts, que les gens oublient de retirer ; ni la générosité, ni l’initiative des particuliers ne sauraient remédier à la gangrène de l’État. L’individu se soigne par l’individu ; la famille se traite par la famille ; l’État ne peut se guérir que par l’État ; ses fautes retentissent, et violemment, sur la famille et sur l’individu.

La famille et sa solidité dépendent de l’exemple