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DÉCADENCE DE LA PHILOSOPHIE

avec laquelle toute une génération abusée se jeta ensuite dans l’intuitivisme bergsonien, considéré, à tort, comme une délivrance du criticisme, de l’évolutionnisme et du déterminisme. Mais, hélas ! très rapidement, il fallut se rendre compte que, derrière les fanfreluches dorées de l’intuitivisme et de l’évolution créatrice, on retrouvait ce grinçant et lassant matérialisme qui a été, de tout temps, le morne apanage du peuple hébreu.

La philosophie (métaphysique, psychologie, logique, morale) n’est pas un chapitre de la médecine. Soit dit sans offenser la mémoire de Claude Bernard, ni la fameuse Introduction à la médecine expérimentale. La philosophie n’est pas un chapitre de la biologie. La philosophie n’est pas un chapitre des sciences occultes, qui ne sont d’ailleurs pas des sciences et dont la supercherie n’est nullement occulte. La métaphysique enfin n’est pas une discussion prolongée sur le point de connaître si l’homme peut connaître quoi que ce soit, en dehors de sa propre conscience, qu’entourerait, d’autre part, un immense Inconscient. Or, dans la seconde partie du XIXe siècle (alors que, dans la première, la philosophie était réduite à un ensemble de dissertations prétendues spiritualistes), ces diverses erreurs ont eu cours et cours forcé. Cependant qu’Aristote, la philosophie grecque en général, les moralistes latins, Saint Thomas et les scolastiques étaient tenus dans un mépris complet. Leur noms ne figuraient même pas sur les programmes. Il n’était fait à leurs œuvres, cependant essentielles et prédominantes, que quel-