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DÉCADENCE DE LA PHILOSOPHIE

lité, l’âge adulte, etc., pendant lesquelles prédomine tantôt la raison (très forte vers la septième année), tantôt la sexualité (dominante à treize et quatorze ans), tantôt l’entrain aux idées générales (dix-huit à vingt-deux ans), tantôt l’éparpillement observateur (vingt-cinq à trente-cinq ans), etc. et à chacune de ces périodes correspond, latente ou manifestée, une conception philosophique des choses et des gens. La somme de ces états, réviviscents entre quarante et cinquante ans et au delà, constitue la philosophie générale d’un humain bien doué. En cette philosophie prédomine (outre les influences héréditaires, ou images de grande direction) telle ou telle période de l’existence, avec tel ou tel dosage de la raison, ou jugement, de la sensibilité, de la sexualité, de l’instinct, etc. Cette diversité d’origine fait les contradictions intérieures de tout système philosophique, et aussi les superpositions de pensées qui nous séduisent chez tel ou tel. Le philosophe, quel qu’il soit, est toujours un assemblage de ces mues mentales, de ces méditations d’êtres différents, qui donnent, à chaque philosophie non métaphysique, un aspect de tâtonnement et de mosaïque. Le maître véritable est celui qui, à travers son périple mental, s’est unifié le plus et le mieux.

Le criticisme (où tombèrent Renouvier et quelques autres) n’est heureusement point d’origine française. Il est la forme du scrupule protestant et germain, en matière d’idées générales, et se résume dans le nom de Kant. Le criticisme est, à notre