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DÉCADENCE DE LA PHILOSOPHIE

tion du réflexe et de l’instinct. Ceux qui les pratiquent oublient que le propre de l’homme est de contraindre ses réflexes et de maîtriser ses instincts, par l’exercice d’une volonté qui, elle-même, est guidée par la raison. Or, la psychologie, au XIXe siècle, a, presque entièrement, négligé la volonté ; ou, si elle s’en est occupée, ç’a été à l’occasion de l’hypnotisme, de la suggestion et des diverses formes du pithiatisme, qui est, en somme, l’autopersuasion.

En métaphysique, comme en logique, comme en psychologie, le grand trou du XIXe siècle français est dans le domaine de l’introspection. Il n’y a pas lieu de s’étonner si nous le retrouvons aussi, ce trou, dans l’art dramatique d’où l’introspection est aussi absente, de 1800 à 1914, que le rire. Nos contemporains regardent autour d’eux, mais ils ne regardent pas en eux-mêmes ; et, dans la génération qui va de 1870 à maintenant, Paul Bourget est le seul écrivain, à ma connaissance, qui ait remis en honneur (parmi ces sarcasmes des imbéciles qui sont le signe de toute rénovation) l’éminent privilège du regard intérieur. Car ce qui se passe au dedans de l’homme est le principal ; le reste, qui lui est extérieur, ou tangent, n’étant que l’accessoire.

Il est de règle générale, au cours des peuples et des âges, que toute baisse de la philosophie de la Raison (qui est, au plus bref, la seule philosophie) s’accompagne d’une ascension correspondante de la prétendue philosophie du sensible, ou