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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

dans sa réflexion, appliquant à celle-ci une observation au second degré, voire au troisième, est frappé des perspectives simultanées qui se développent devant sa vision intérieure, quelques-unes à une grande vitesse, d’autres à une vitesse modérée, d’autres ralenties. Il s’agit là, selon toute vraisemblance, de courants héréditaires, n’ayant que de très lointains rapports avec une association d’idées quelconque, et mêlant la mémoire individuelle à celle des ascendants.

Quant à la prétendue philosophie de l’Inconscient, reliée d’abord au pessimisme, avec Schopenhauer et Hartmann, et sur laquelle on a écrit des volumes et des volumes, elle n’a jamais été et ne peut être que la négation de toute philosophie ; ce qui n’est point saisi par la conscience étant extraphilosophique et comme s’il n’existait pas. Qu’est-ce que l’Inconscient, du point de vue de la philosophie générale ? C’est l’inattention, ou le manque de pénétration. Il n’est, en fait, aucun mouvement de notre individu intellectuel, sensible ou moral, qui doive, de toute nécessité, échapper, non seulement au contrôle de la perception simple, mais encore à celui de la raison et du jugement. Le but de la psychologie est de tirer en pleine lumière précisément ce qui, sans elle, demeurerait dans la pénombre, ou dans l’ombre.

Au fond, la philosophie de l’Inconscient, comme la prétendue métaphysique du sensible (intuitivisme bergsonien) aboutissent, l’une et l’autre, à une sorte de divinisation ou, si vous préférez, d’exalta-