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DÉCADENCE DE LA PHILOSOPHIE

la physiologie comme une extension de la psychologie, et la clinique comme une vérification de l’une ou de l’autre.

Alors que le spiritualisme du début du siècle ne tenait aucun compte des faits d’expérience, qui se multipliaient, quant à la nature humaine, le déterminisme des deux derniers tiers voulut faire, de l’expérience sensorielle, la règle et la base de la réflexion, de la méditation et de l’induction. Cette tendance fut la principale cause de l’avilissement de la philosophie, par la préoccupation où tombèrent beaucoup de prétendus philosophes de se soumettre d’abord au laboratoire. Ce qui est proprement absurde. Le dogme de l’association des idées, venu de la philosophie écossaise, et repris par la philosophie anglaise, puis la thèse plus que contestable de l’Inconscient, venue de la philosophie allemande, augmentèrent encore la confusion.

De 1875 à 1905 et au delà, tous ou presque tous les phénomènes mentaux sont expliqués par l’association des idées, sans qu’on ait jamais recherché du reste — et pour cause ! — le mécanisme de cette association. En fait, il arrive fréquemment que des idées naissent spontanément en nous, ou disparaissent de même, sans que nous puissions les rattacher, ni relier, à quoi que ce soit. De même, deux ou plusieurs séries d’idées, accompagnées, ou non, d’une sorte de ponctuation sensible, peuvent coexister dans notre esprit, comme plusieurs parties d’échec en mouvement dans la mémoire du joueur expérimenté. Celui qui fait une plongée