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DÉCADENCE DE LA PHILOSOPHIE

Le dédain de la métaphysique s’est accompagné, pendant la période qui nous occupe, d’un abandon concomitant de la logique, dont l’étude est cependant inséparable de celle des opérations de l’esprit. Il ne suffit pas de constater le bon sens, à qui veut le prendre comme critérium de la morale courante, ou raffinée. Il faut encore connaître et distinguer les opérations syllogistiques (cette syntaxe de la pensée) par lesquelles le bon sens prend légitimement conscience de soi-même et contrôle le domaine intérieur. C’est le domaine de cette logique inductive et déductive, comme dit Stuart Mill, qui nous conduit, par étapes, à une sorte de calcul analytique de tous ordres de raisonnements. Un penseur, qui se consacrerait entièrement à la logique et aux ponts qu’elle jette entre le Connu et l’Inconnu, aboutirait à établir une maïeutique de la découverte et peut-être à dresser un canevas de l’invention méthodique. Cette besogne sera vraisemblablement celle du philosophe du XXe siècle, quand il aura pris conscience de son effort et de la direction à donner à celui-ci, quand il aura rejeté carrément la défroque absurde et prétentieuse du XIXe siècle. Le renouveau de la logique apparaît comme indispensable au renouveau de la métaphysique. Or, la logique n’est nullement un chapitre de la psychologie, comme on nous l’enseignait, voilà trente-cinq ans. Elle déborde la psychologie sur un point essentiel, qui est le formulaire de la pensée. Elle est débordée par la psychologie sur un autre point, non moins essentiel, qui est l’agence-