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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

de la biologie le critérium de l’esprit humain !) s’opposa un spiritualisme, bête et sommaire à pleurer, reflétant la débilité mentale de conservateurs, reculant pied à pied devant les prétendus innovateurs. On ne sait qu’admirer (mirari) ironiquement davantage, de l’arrogance des causes efficientes et transformantes, mises en avant par le darwinisme et l’haeckelisme, ou de la vanité des causes finales qui leur étaient objectées. Ainsi qu’il est d’usage, au désert des doctrines et des preuves correspondait, à droite comme à gauche, l’outrecuidance des affirmations.

Le déterminisme, chapitre détaché du positivisme, mais qui eut, pendant une cinquantaine d’années, une fortune et une vogue supérieures à celles du positivisme, n’envisage pas la question du pourquoi des choses. C’est dire qu’il renonce à toute métaphysique, comme le positivisme lui-même et qu’il en décrète le besoin frivole. Ce qu’il entend rechercher, c’est le comment, ou enchaînement relatif des circonstances, au milieu desquelles nous vivons. Tout ce chapitre de l’argumentation de Claude Bernard dégage un comique particulier, un comique dont on ne se passe plus aisément, quand on l’a perçu et éprouvé une seule fois, et qui court, de 1860 à 1914, à travers les applications d’un tel principe. Car le besoin métaphysique, le besoin du pourquoi est fondamental dans l’esprit humain, au point d’être une caractéristique de cet esprit ; et le philosophe qui l’éteint en soi, ou qui l’amoindrit et le dénigre, est comme un ascensionniste qui com-