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LE STUPIDE XIXe SIÈCLE.

et d’union nationales, Fustel de Coulanges enfin, est, non seulement, notre plus pure gloire historique, mais le bienfaiteur de notre pays. Il est l’antidote de Michelet et le grand maître de l’interprétation saine et géniale de textes scrupuleusement exacts. C’est en raison même de cette vertu qu’il a été tenu sous le boisseau par toute l’école historique révolutionnaire triomphante, avec une vigilance unique. L’Université presque tout entière s’est liguée, pendant quarante ans, à la manière huguenote, contre ce grand universitaire, coupable d’arracher sa Patrie aux doctrines de haine. Un travail sourd, mais continu, dont Maurras nous a conté l’édifiante histoire, s’est poursuivi contre cette pure gloire, pour empêcher ses rayons de se propager. C’est là un des cas les plus saisissants et les plus probants du dressage méthodique de toute une élite contre les bons serviteurs du peuple, auquel appartient cette élite. Je ne crois qu’à la dernière limite, en une telle matière, aux conjurations organisées contre une œuvre, ou contre un homme. Mais la conjuration spontanée d’intérêts vils, passionnés et joints, est indiscutable. Elle a fonctionné contre Fustel ; et elle a pu fonctionner, parce que l’ambiance universitaire était sotte et sans patriotisme.

La thèse des deux France, victorieusement combattue par Fustel, était demeurée si vivace chez ceux de la génération de 1870 (je veux dire qui avaient une trentaine d’années en 1870) que même un écrivain et un philosophe réactionnaire de la valeur de Drumont lui accordait encore un certain