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des évocations, mentales et morales, susceptibles de servir de support à cette volonté. L’esprit règle le corps. L’esprit est un système d’images et de figures congénitales, qui a ses lois. En apprenant à les connaître, à les diriger, à les modifier, on dirigera et on modifiera, en même temps, leurs prolongements organiques et pathologiques c’est-à-dire la plupart des penchants et des grandes diathèses.

Revenons au vice solitaire, à ses ravages mentaux et moraux. Certains enfants, certains jeunes gens, certains adultes mêmes, prennent l’habitude d’évoquer, sous la même influence génésique, quelquefois à certaines heures déterminées, certaines images licencieuses, dépendant elles-mêmes, bien entendu, d’une personimage ancestrale. Car c’est une règle de l’esprit humain que rien ne saurait être perçu par lui directement, si ce n’est le soi animateur, que tout lui parvienne à travers un halo, une forme héréditaires, et qu’ainsi sa liberté soit conditionnée par l’intensité de son vouloir. Le déterminisme, c’est la prison héréditaire. La liberté, c’est le plein usage, le plein fonctionnement du soi. Le déterminisme est un legs. La liberté, c’est l’émanation directe du tonus du vouloir, équilibré par la sagesse. Le vice solitaire renforce en nous le déterminisme, la sujétion et cet esclavagisme intérieur, quant à nos fantômes intimes, dont le dernier terme est la confusion mentale et la déchéance.

Il est effrayant de songer que, d’une représentation malsaine ou obscène, happée et fixée, dans la