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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

musée Carnavalet. Le conservateur actuel est un nommé Henry Céard, un disciple de Zola, un très gentil garçon.

— Je le connais bien, dit Clemenceau. Il est charmant et très érudit. J’irai le voir un de ces jours. Ah, cette Révolution, plus je vais, plus je l’aime. Tous les problèmes attaqués à la fois, et cela devant l’Europe hostile…

— Votre Aulard continue à vous donner satisfaction ? :

— Certes. Mais il craint toujours de n’avoir pas assez de références. Ah, ces historiens ! Ils meurent des notes, des gloses, des rajouts. Ils expirent sous des monceaux de paperasses. Ils deviennent des scribes. N’empêche qu’Aulard est un fameux travailleur et que ses cours ont du poids. Ils sont suivis par de nombreux étudiants.

— C’est ce qu’il faut. La Sorbonne a toujours été un des points sensibles de la France. Il nous importe de l’occuper.

Les deux hommes se séparèrent contents l’un de l’autre, sans grande affection l’un pour l’autre. Ranc reprit sa besogne de termite, Clemenceau sa besogne d’agitateur. Néanmoins, comme député du Var, il exerçait moins d’influence que comme député de Montmartre et il s’en rendait compte. Il désirait sortir des questions de budget et des questions électorales ou de politique coloniale et étrangère, par un discours intellectuel et historique : Paulo majora canamus. L’occasion s’en présenta avec un pauvre navet de Victorien Sardou, représenté à la Comédie-Française et intitulé Thermidor.

Il y avait longtemps que cette pièce était annon-