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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

plus, de l’Allemagne. La Revanche, tout est là,

Les yeux de Mme de Loynes brillèrent d’un feu extraordinaire. Elle mit sa jolie main longue sur celle du rude lutteur :

— Pour cette cause, avec vous, de toutes mes forces, mon ami.

— Je le sais. Mais surveillez le général, qu’il ne nous échappe pas. Qu’il ne fasse pas comme a fait Gambetta.

De son côté, le général avait demandé à Mme de Loynes de le recevoir seul et sans témoin. À peine entré :

— Madame, j’ai une grave nouvelle à vous annoncer…

— Ah ! mon Dieu, mon ami, vous me faites peur !

— Rassurez-vous. Ça n’est pas grave. C’est plutôt délicieux. Je suis amoureux…

— Vous m’en direz tant !

— Je veux vous conter cela. Il n’y a que vous à qui je puisse m’ouvrir de ce sentiment. Avec vous je suis sûr du secret.

— Merci bien… Elle est jolie ?

— Mieux que jolie, adorable.

— Elle a une opinion politique.

— Elle est réactionnaire, comme vous, autant que vous.

— Que va dire Clemenceau ?

— Il n’en saura rien et puis je m’en fiche.

— Faites donc des ministres, pour qu’ils vous désobéissent !… Blonde ou brune ?

— Blonde.

— Mariée ?

— Entièrement libre.

— Riche ?