Page:Léon Daudet – La vie orageuse de Clemenceau.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

CHAPITRE III

Le Général Boul-Boul


Enfin, au point de vue professionnel et technique, comme directeur de l’Infanterie, que pensez-vous de lui ? demanda Clemenceau au colonel de son bord, travaillant dans les bureaux, qu’il avait mandé à son domicile, pour se renseigner sur les véritables talents, et sentiments intimes de Boulanger.

— Je le crois sincèrement républicain…

— Pourtant, il y a une lettre de lui au duc d’Aumale : « Béni sera le jour… »

— Une minute de fléchissement… Qui n’en a pas de semblable dans sa vie professionnelle, ou dans sa vie courante !

— Soit ! Connaît-on ses sentiments vis-à-vis de l’Allemagne ?

— Blessé en 70, il a l’Allemagne en horreur et les hommes politiques français qui obéissent à l’influence de Bismarck sont, à son avis, des traîtres…

— Cela me va. Mais en a-t-on des preuves ?

— Vous en avez comme preuve, monsieur le député, ma parole.

— Il est marié ?

— Oui et il a une fille qui a épousé le capitaine Driant, admirateur et ami de son beau-père.