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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

ment éclata un événement qui devait soulever le pays et donner raison aux tenants de l’Alsace-Lorraine, perdue depuis quinze ans, contre la politique à longue échéance de Ferry. Représentée par un fonctionnaire anglais des douanes chinoises, la Chine s’apprêtait à céder à nos exigences, lorsque arriva à Paris, le 29 mars, aussitôt communiqué à la presse, le télégramme suivant :

Hanoï, 28 mars, 11 h. 38 du soir.

Je vous annonce avec douleur que le général de Négrier, grièvement blessé, a été contraint d’évacuer Lang Son. Les Chinois, débouchant par grandes masses, sur trois colonnes, ont attaqué avec impétuosité nos positions en avant de Ki-Lua. Le colonel Herbinger, devant cette grande supériorité numérique, et ayant épuisé ses munitions, m’informe qu’il est obligé de rétrograder sur Dong Sin et Than-Moï. Je concentre tous mes moyens d’action sur les débouchés de Chu et de Kep. L’ennemi grossit toujours sur le Song Koi. Quoi qu’il arrive, j’espère pouvoir défendre tout le Delta. Je demande au gouvernement de m’envoyer, le plus tôt possible, des renforts.

Brière de l’Isle.

Dès le début de l’après-midi, et alors que les journaux criaient la nouvelle et que le public parisien s’arrachait les numéros, une foule considérable battait les murs du Palais-Bourbon, affluant par les quais, la rue de Bourgogne, le pont de la Concorde. Beaucoup, qui ignoraient l’importance de Lang Son, de Dong Sin et de Than-Moï, croyaient à un nouveau quatre septembre. Les régiments de Paris et de Versailles étaient mobilisés. La colère et