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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

— À quel sujet ?

— Il paraît, herr Direktor, que vous avez l’intention de gombattre prochainement le gouvernement de presidente Ferry, à propos de la guestion des colonies,

— Comment savez-vous cela ?

— Par la rumeur buplique.

— Et alors ?

— Je suis chargé de fous dire qu’il pourrait être de votre intérêt de ne pas tonner suite à ce brojet.

— Comment cela ?

— En n’intervenant, pas, ou du moins, en limitant votre indervention.

Herzog, là-dessus, baissa la voix.

— Notre groupe vous en serait reconnaissant.

— Expliquez-vous plus clairement, monsieur. Je ne saisis pas bien.

— Il s’agirait d’une bonne valeur, dont cinquante actions, de deux mille francs chaque, seraient mises à votre disposition.

— En d’autres termes, vous venez m’acheter pour cent mille francs ?

Le visiteur fit un geste évasif, retira ses lunettes et les éclaircit avec son mouchoir brodé. Clemenceau eut un rire strident.

— Apprenez, monsieur Herzog, que je ne suis pas un cochon en foire et que je ne suis pas à vendre. Dites-le, de ma part, à vos actionnaires.

— Eh bien, je regrette.

Il se leva pesamment et tendit vers son interlocuteur une main boudinée, que celui-ci fit semblant de ne pas voir. Sutter Laumann entrait à ce moment : Clemenceau lui dit :

— Vous tombez bien. M. Herzog, ici présent, venait me proposer, de la part de Vienne,