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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

tesse Henckel de Donnersmark. « Un braillard et un hâbleur », disait Clemenceau de Gambetta, qu’il louait cependant de sa conduite républicaine au 16 mai. Car il aimait le pour et le contre, comme Renan.

Quand Gambetta, quelques mois auparavant, était mort de cette appendicite qu’on appelait alors une « typhlite », le directeur de la Justice s’était tu, différant en cela de Rochefort, aux yeux de qui « la mort n’était pas une excuse à et qui piétinait gaillardement les tombeaux. Il trouvait Rochefort amusant, courageux, mais superficiel : « Il n’y a rien à apprendre chez lui… » « Apprendre, élargir le champ de la connaissance et faire ainsi progresser l’humanité souffrante », c’était, à ce moment-là, sa marotte et qui le mettait d’accord avec ses principaux contemporains. L’étude de la médecine, poursuivie avec zèle, lui avait donné du poids dans les conversations, et à l’assemblée. Il s’intéressait aussi à l’art militaire et à un ancien directeur de l’Infanterie au ministère de la Guerre, du nom de Boulanger, que l’on disait ardent revanchard et ferme républicain. Car il ne s’agissait pas de laisser arriver aux affaires, comme Gambetta l’avait fait pour Miribel, à l’instigation de Mme Adam, un réactionnaire, un fauteur de Coup d’État. Dumouriez lui-même, à un moment, du fait de sa popularité, n’avait-il pas failli glisser à la dictature !

Comme les militaires des grandes écoles, les prêtres menaçaient l’idéal de progrès. Les Jésuites, notamment, n’avaient pas bougé d’un iota depuis saint Ignace, De chaque ministre de l’époque, Clemenceau et son fidèle Pelletan se demandaient s’il n’était pas mené par un « homme noir », si sa