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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

oratoire de l’auteur. Tel le cavalier de Pégase et qui a mis celui-ci au vert. Exemple, page 289 du volume 1 :

C’est grâce à l’arme à deux tranchants de ce doute conventionnel que la Renaissance, opposant aux dogmes de l’Eglise la tolérance païenne de penser, put, avant la constitution de la science moderne, barrer la route à l’absolutisme cultuel, au nom de l’hellénisme porteur d’une philosophie de l’humanité. Les noms de Rabelais, de Montaigne, de Descartes, de Pascal, de Voltaire, jalonnent puissamment chez nous le cours de cette histoire. Ils marquent des moments de l’évolution du doute, dans les mouvements de la pensée où se révèlent toutes les puissances de l’homme en effort de connaître par toutes formes d’interprétations vérifiées.

Voltaire nous apparaît comme un puissant railleur de comédie qui renverse les temples de son Dieu pour l’amusement de lui en élever un de sa façon. Qu’il croie ou non, cela n’a pas plus d’intérêt pour nous que pour lui-même. Point de doute cruel qui le hante. Les raisonnements à deux fins de Montaigne, le rire dévergondé de Rabelais, la sèche tension de Descartes, les tortures de Pascal lui sont étrangers. Il raconte. Montaigne aussi raconte, mais moins pour raconter que pour suggérer à autrui, et peut-être à lui-même, des conclusions qui le font obscurément tressaillir plus qu’il ne consentirait à l’avouer.

Puis ceci, page 313, qui est plus douteux et où transparaît l’anticléricalisme paternel :

J’ai parlé surtout de l’Asie parce que, depuis les plus anciens âges jusqu’à nos jours, sa pensée, ses