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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

tourner vers la tribune diplomatique où riait niaisement, au premier rang, M. le Nonce aux palettes dentaires.

Après celui-là vint le Nonce Maglione, autre coco, qui avait eu naguère des difficultés en Suisse en raison de sa germanophilie. Valet et flatteur de Briand, il se permit un certain jour de l’an, de faire son éloge au cours de la visite traditionnelle du corps diplomatique à l’Élysée. Le papa Doumergue releva doucement cette incorrection. Avec Clemenceau, Maglione eût connu moins de mansuétude : « Il n’est pas de caniche mieux dressé », disait de lui Philippe Berthelot. À Rome son tempérament lymphatique faisait dire de lui « Maglione-Ganglione ». Il se montra particulièrement féroce dans l’application des sanctions ecclésiastiques aux moribonds d’Action Française.

Tout ceci fait que je me suis repenti d’avoir voté et fait voter pour le rétablissement d’une fonction préjudiciable à mon pays, et, par contre-coup, à la Papauté elle-même. Pauvre papauté, mère de la civilisation ! Sa mauvaise information, ses nonces étourdis ou inattentifs lui ont fait perdre en peu d’années l’Allemagne par l’hitlérisme et l’Autriche par l’Anschluss. Son zèle démocratique lui a fait encourager les origines de la révolution espagnole. Elle s’est laissé duper, quant aux affaires de France, par le traître Aristide et l’aigrefin Philippe. Nous continuons, nous, croyants, à respecter et vénérer notre Mère l’Église, bien sûr. Mais que de faux pas, depuis la guerre, et qu’il était si facile d’éviter !

Un argument de mes collègues anticlemencistes était qu’en cas de mort, et vu ses convictions matérialistes, le président Clemenceau aurait des funé-