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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

« C’est une idée du Vieux. Ah, sans celui-là, où serions-nous ! »

Le 3 avril 1918, Foch adressa aux commandants en chef des armées alliées ses célèbres directives qu’il avait préalablement soumises à son ministre de la Guerre :

L’ennemi est arrêté d’Arras à l’Oise. Il peut reprendre l’offensive facilement au nord de la Somme et, en particulier, dans la région d’Arras, grâce aux nombreuses voies ferrées dont il dispose.

Plus difficilement au sud, où les voies ferrées qu’il a conquises sont moins nombreuses, en mauvais état, en partie sous notre canon.

Se maintenir défensivement, pour le moment, sur le front Albert-Arras, qu’il importe d’organiser rapidement ; conserver une réserve française au nord de Beauvais, pour être en mesure de parer, en tout cas, à une très puissante attaque ennemie au nord de la Somme.

Les armées franco-britanniques, mettant à profit la forme en équerre de leur front, chercheront à dégager la voie ferrée Saint-Just-Amiens :

1° Par une double offensive française dans la région de Montdidier, visant, d’une part, à rejeter vers l’est l’ennemi dans l’Avre, et, d’autre part, à pousser vers le nord en direction de Roye :

2° Par une offensive britannique à cheval sur la Somme, en direction de l’est, de la Luce à l’Ancre, visant à dégager Amiens.

Sans prétendre à des buts décisifs, on peut espérer, par ces opérations, infliger à l’ennemi un sérieux échec. C’est, d’autre part, la meilleure parade à une attaque possible des Allemands au nord de la rivière.