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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

De savoir si, demain, vous voteriez les crédits de la guerre.

Comptez-vous donc sur une contagion de vos idées pour arrêter la guerre ? L’exemple d’hier devrait vous détromper.

Vous voulez la paix démocratique ? Nous aussi. Vous nous demandez nos buts de guerre ? Nous vous les avons dits. Demandez donc ceux des Allemands.

Je vous ai dit que la justice ferait son œuvre. Le gouvernement fera son devoir. Il poursuivra la guerre jusqu’à la paix victorieuse. S’il y en a ici qui sont disposés à refuser les crédits de guerre, qu’ils le disent ! (Applaudissements prolongés.)

Le 11 mars 1918 les Allemands changeaient leur chiffre, ce qui permit au colonel Cartier, chargé du service d’interception, de conclure que dix jours plus tard, selon leur coutume, ils attaqueraient. Le front anglais fut attaqué le 24 mars. Le 25 mars, le canon à longue portée dit « Bertha », sœur des Gothas, tonnait sur Paris.

Le 21 mars la cinquième armée anglaise, que commandait le général Gough (prononcez Gueuf) fut enfoncée en poche dans la région de Montdidier et l’on comprit aussitôt l’intention de Ludendorf, qui était de séparer les troupes anglaises des troupes françaises et de rejeter les premières à la mer. La journée du 22 fut exécrable, tellement que l’évacuation de Paris par les services publics, les ministères, la presse, etc., fut envisagée et qu’il fut demandé aux directeurs de journaux de désigner les villes où ils voulaient transporter leurs pénates. Clemenceau ne perdit pas la tête pour cela. Entouré à la Chambre, il se contenta de dire : « Eh bien quoi, il y a bien eu un roi de Bourges ! Pourquoi n’y aurait--