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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

ouvrage en quatre volumes, Le Ministère Clemenceau, journal d’un témoin.)

« Il reconnut la nécessité : 1° de rétablir, rue Saint-Dominique, une autorité ministérielle qui n’existait plus, émiettée qu’elle était entre directeurs et états-majors ; 2° réduire au minimum le nombre des sous-secrétaires d’État. Mais ici il fallait tenir compte du problème de la majorité, puisque le Parlement n’était pas fermé ; 3° les méthodes de travail, affaissées du fait de la durée de la guerre, étaient à relever ; 4° les fabrications de matériel et principalement de tanks, avions, artillerie lourde, camions, munitions, devaient être poussées au maximum ; 5° enfin les cadres devaient être rajeunis, et un travail de remplacement analogue à celui que Joffre avait réussi en pleine retraite, puis en pleine bataille de la Marne, devait être accompli malgré les protestations, les recommandations, les criailleries ; 6° il fallait tendre la discipline qui, dans les derniers temps, s’était relâchée au point que les soldats ne saluaient plus les officiers.

Les lieutenants-colonels de Battisti, Gabeaud et Alerme assistèrent dans sa grande tâche le nouveau président du Conseil. Une circulaire, dite « des trois jours », ordonna que, toute affaire, ne nécessitant pas de recherches spéciales, dut être traitée dans les trois jours. Clemenceau, personnellement, ne remettait jamais rien au lendemain, ni même à l’heure suivante. Il saisissait aussitôt les difficultés telles qu’elles se présentaient et les résolvait. Sa journée, quand il n’allait pas au front, était réglée comme du papier à musique. Levé de bonne heure, souvent de très bonne heure (5 ou 6 heures), il travaillait dans sa chambre ou son bureau de la rue Franklin. À 7 h. 30 séance d’exer-