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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

Rouge, Duval, ait été pris, à la frontière de Bellegarde, en possession d’un chèque allemand de Mannheim dépassant le million ?

— C’est exact.

— Et alors, que comptez-vous faire ? Rien du tout, vraisemblablement.

— Nous allons mener une enquête… dit le long Ribot, ployé en deux et très embêté.

— Elle est toute menée, votre enquête ! Puisque vous tenez le corps du délit. Supprimez le Bonnet Rouge, et arrêtez Almereyda, et, au besoin, Malvy.

— Almereyda a été le meilleur auxiliaire de M. Malvy, au début de la guerre, quand il fallait inviter les gens du carnet B, les suspects, à se tenir tranquilles,

— C’est qu’il n’était pas encore vendu aux Allemands. Mais, aujourd’hui, la preuve est faite. Il faut agir. Agissez !

Ribot regarda Clemenceau. Agir autrement qu’en paroles, c’était loin de sa pensée. Le long bonhomme se taisant, le président de la Commission de l’Armée ajouta :

— Je vais interpeller au Sénat.

Puis il fit venir Gustave Geffroy, son ami de toujours, administrateur des Gobelins.

— Voulez-vous, mon cher ami, demander à Léon Daudet, votre collègue à l’Académie Goncourt, ce qu’il possède contre Almereyda, l’ami du ministre Malvvy et le directeur du Bonnet Rouge ? On a arrêté à Bellegarde un certain Duval, administrateur de ce journal et possesseur d’un chèque allemand d’environ un million. Je compte interpeller au Sénat. Les renseignements que je recevrai seront les bienvenus.

Geffroy, administrateur des Gobelins, demanda