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L’HEREDO.

et des événements liés à leurs caractères et à leurs penchants, que de leur processus mental et moral. Il était une chambre d’apparitions et de croissances congénitales, un musée de portraits ranimés. Sa composition dramatique n’était ainsi qu’un décalque de ce qui se jouait en lui. On l’imagine joyeuse, extrêmement rapide et facile. Elle le soulageait de tant de formes familiales, aussitôt fixées que conçues, et toujours saisies à leur apogée d’intensité et de beauté ! Car, par la vertu de son soi, demeuré vigilant et stimulant, chaque page, chaque ligne de ce livre de raison en mouvement était lumineuse. Ses ancêtres lui versaient de la diversité et de la force. Il leur rendait de la splendeur. Le tout n’allait pas sans contractions, ni grimaces, ni obscurités. Mais quelle majesté dans l’ensemble et quel besoin de fusion, d’arrangement suprême !

Insisterai-je sur la leçon qui se dégage de chaque pièce, avec la sécurité d’un parfum émanant de la plus complexe des fleurs. Partis de l’impulsion créatrice du soi, nous revenons ici à ce soi, après libération des hérédos, par l’équilibre raisonnable. Le maître, après s’être lyriquement abandonné à ses démons intimes.