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SHAKESPEARE ET BALZAC.

regardai autour de moi, je rassemblai mes souvenirs, je les confrontai les uns aux autres. La littérature aidant la vie, puis la vie retouchant la littérature, j’atteignis enfin la conception fort claire à laquelle je suis parvenu aujourd’hui. J’expérimentai sur moi-même la force de la volonté, appliquée méthodiquement à la victoire du soi sur le moi, et je fus étonné des résultats obtenus en peu de temps, C’est ainsi que l’étude de Shakespeare est intimement liée pour moi à l’histoire de l’Hérédo. Je pense que la conception de Hamlet, ainsi que je l’ai précédemment indiqué, prouve que cet étonnant précurseur était arrivé de son côté à des conclusions analogues aux miennes et qu’il les a illustrées et symbolisées dans les deux versions successives de son chef-d’œuvre. Il serait ainsi le roi de l’introspection, comme le roi de la création dramatique, et l’analyste chez lui égalerait le poète.

Trois sommets frappent dans cette chaîne majestueuse qu’est le développement du génie shakespearien :

1° La vérité des cris ;

2° La vérité du développement organique des caractères ;