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LE COMBAT DES HÉRÉDISMES.

et rythmique, à la musique. Il sera aisément un jeune prodige. Exceptionnellement, ces dons persisteront dans l’âge mûr, ce qui fut le cas de Mozart. Plus souvent, ils s’évanouiront avec les fantômes qui les suscitaient, et de ces facultés éblouissantes, mais éphémères, il ne restera plus que l’amer souvenir. C’est parce que l’hérédité, même favorable, est décevante qu’il convient de renforcer le soi, en marquant leur limite aux mirages.

L’interférence héréditaire est heureusement un épisode assez fréquent de la vie du moi. Grâce à elle, un ancêtre nocif se trouve annihilé par un autre de sens contraire. Le fils d’un père prodigue et d’une mère avare, ou d’un père débauché et d’une mère chaste, a chance de passer à côté ou au travers de leur opposition en lui-même, sans trouble ni dommage. Cette règle n’est d’ailleurs pas absolue. Il se peut qu’au contraire le père et la mère agissent successivement, et non plus simultanément, inspirent à leur fils des alternatives d’avarice et de prodigalité, de débauche et de chasteté. On voit les espérances que de tels antagonismes ouvrent à la délivrance, à l’évasion des hérédos. Certains d’entre eux en ont