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L’HEREDO.

L’auteur des Reisebilder et de l’Intermezzo ne peut pas ne pas exposer à la risée et au mépris ce qu’il vient d’admirer ou de chérir. Il lui faut à toute force salir l’objet de son émotion. Ce penchant à l’autodestruction, suicidaire, pour tout résumer, est aussi un stigmate des hérédos. Quand ils chantent, la beauté de leur chant est déparée par une amertume foncière, laquelle tient à la décomposition, à l’éparpillement des éléments troubles de leur moi, comparable à la boîte de Pandore.

Le phénomène connu sous le nom de précocité, dans quelque branche de connaissances — musique, mathématique, dessin — qu’il se produise, n’est autre qu’un résultat de superpositions héréditaires de même sens, au sein du moi. Supposons que, chez Pierre, trois ascendant sur quatre aient été bien doués au point de vue du calcul, ou de l’algèbre, ou de la géométrie, qu’ils aient eu le sens du nombre et de la position de figures, en un mot du compartimentage de l’espace et du temps. Pierre, héritant de trois facultés positives de même sens, aura de très bonne heure les plus remarquables dispositions aux mathématiques, ou, s’il s’agit d’un hérédo auditif