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LE COMBAT DES HÉRÉDISMES.

terrorisée par ce père, petit-fils de campagnards attachés à leurs intérêts d’un côté, généreux de l’autre, et hanté par un oncle prodigue. Sa lignée paternelle est nuancée d’hérédosyphilis et prompte aux affections du foie. Sa lignée maternelle est cardiaque. Avec cela il y a un soi en Xénon, un vigoureux garçon qui désire vivre, prospérer et se continuer en enfants bien portants. Si Xénon se connaissait, s’il avait la clé de son individu — ce livre est écrit pour la lui mettre entre les mains — il aurait toutes les chances, avec un peu de clairvoyance, de surveillance ou d’énergie, pour échapper aux préoccupations et aux maux qui le menacent, pour les empêcher de s’installer en lui. Il se rectifierait en six mois d’efforts, pénibles au début, puis tellement agréables qu’il ne pourrait bientôt plus se passer d’eux. Car la volonté est un enchantement pour celui qui sait la manier, et l’usage la rend plus brillante et plus fine. Au lieu de cela, Xénon s’abandonne. Il s’écoute. Il s’analyse, mais pour se complaire dans le trouble que lui donnent ses penchants à la rapacité et déplorer les ennuis qu’ils entraînent. Il se confie aux uns et aux autres, dans