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L’HEREDO.

tise presque complète, dans ce que nous avons appelé l’autofécondation, que la menace est la plus grave. Car la frange du soi demeurée intacte, si elle suffit à éveiller le remords, ne suffit plus à l’exercice de la volonté recréatrice, au redressement de la personnalité. C’est en présence de semblables accidents que se fait sentir cruellement l’absence de ces médecins de l’âme — attentifs aussi aux signes corporels — dont le XIXe siècle, perdu dans un absurde déterminisme, ne nous a malheureusement offert aucun modèle. Quand on passe en revue les meilleurs de cette époque déjà démodée, on remarque, d’une part, des psychologues spiritualistes fort éloignés de toute intervention morale, de l’autre des cliniciens matérialistes, répugnant à toute intervention thérapeutique. Chez les uns comme chez les autres, pour des motifs très différents et même opposés, la passivité est la règle. Un homme de génie, Louis Pasteur, avait, il est vrai, quitté l’une et l’autre ornière, mais les préjugés de ses disciples et l’établissement de son Institut restreignirent aux sérums et à la cuisine de laboratoire la voie de vérité qu’il avait ouverte.