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LE RÉVEIL DES HÉRÉDISMES

lité, la pénètre, l’embrouille et constitue une des formes les plus fréquentes du somnambulisme, associé jadis par Charcot à cette fiction clinique qu’il appelait symptomatologie de l’hystérie. Dans le rêve, le moi délègue vers le soi des hallucinations que le soi repousse. De ce va-et-vient résultent les singulières éclaircies, connues de tous, pendant lesquelles nous constatons que nous rêvons, ou au contraire les réobscurcissements, pendant lesquels nous rêvons que nous rêvons. À l’occasion de ce va-et-vient, tel souvenir particulièrement aigu, tel trait de caractère, telle présence, tel état d’esprit, telle aspiration vague sont agrippés par la conscience assoupie et se logent en elle pour une longue période. Certains ont été corrompus, ou dévoyés, ou découragés, ou encouragés par un rêve. C’est un risque que courent les meilleurs, puisque le songe échappe à notre surveillance et puisqu’il ne correspond pas toujours au fond vrai de notre personnalité.

Nous arrivons ainsi au problème de la surprise de conscience, qui est un des plus importants de la psychologie : peut-il surgir en nous, à notre complet insu, un personnage inconnu.