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LE RÉVEIL DES HÉRÉDISMES

son ascendant, comme le morphinomane avec sa drogue, tente de courtes évasions, des échappées sournoises, incomplètes, d’où il retombe à une servitude pire. À cet état succède celui de l’acceptation maussade, de l’hypocondrie, du mécontentement intime et de l’abandon. Jugeant le combat inégal et l’effort de libération au-dessus de ses moyens, l’hérédo prend son parti de devenir un automate, commandé tyranniquement par des doctrines qui ne sont pas les siennes, par des désirs qui ne lui appartiennent pas, par des penchants qu’il reconnaît malsains ou funestes. Son moral entraîne son physique. Le cancer, la tuberculose, la syphilis surtout de l’ascendant, commencent à ravager ses tissus. Pour n’avoir pas secoué le fardeau à temps, selon une tactique appropriée, il tombe sous le signe de la fatalité, qui est celui de la déchéance et de la mort. S’il a un fils, il aggravera pour lui le poids héréditaire, du fardeau de sa propre passivité.

Sans doute il est de bons et d’heureux héritages, des héritages d’aptitudes professionnelles, de qualités et même de vertus. Alors la qualité héritée vient en aide à la qualité