Page:Léon Daudet – L’Hérédo.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
LE RÉVEIL DES HÉRÉDISMES

Il n’est aucun de nous qui n’ait éprouvé plusieurs fois dans sa vie mentale, si distrait fût-il, cette impression d’une reviviscence, d’un déjà vu, d’un déjà entendu, accompagnée du sentiment d’une dualité. Les médecins l’ont appelée paramnésie. Je la désignerais plus volontiers sous le nom de métamémoire. Elle s’accompagne fréquemment d’un sentiment de plénitude euphorique, comme si cette résurrection intérieure ajoutait de la vigueur à la circonstance, ou comme si le plaisir de l’ancêtre renforçait, lui aussi, celui du descendant. J’ajoute que ces réveils-là sont, par définition, éphémères et fugitifs. Ils tiennent plus de la phosphorescence que de la lumière proprement dite.

Il n’en est pas de même du réveil héréditaire plastique par autofécondation, plus rare, mais autrement stable et cohésif. Il semble alors que tout l’être soit envahi par un autre être, son prédécesseur dans le passé, et qui vient se substituer à lui, sur une grande étendue de la conscience, à la façon dont une forme pénétrerait dans une autre forme. Le terme approximatif d’autofécondation signifie simplement que, dans cette imparfaite mé-