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L’HEREDO.

de ses images troubles et de l’effervescence du moi. À vingt ans, de nouveau, mais éphémèrement, l’homme se rapproche du soi et se cherche, sans se découvrir. Puis de nouveau le harcèlent ses ancêtres, turbulents et impérieux s’il s’abandonne, s’il trouve plus beau de se fourvoyer dans tous les chemins, toutes les expériences où ils l’entraînent. Il y a, bien entendu, des exceptions, des sages de vingt ans, mais plus rares que les sages de sept ans. En général, l’effort vers la sagesse ne va pas plus loin alors que l’appétence métaphysique, que « l’encéphalite » de Renan. De trente-cinq à quarante ans, l’être est orienté et complet. Il peut faire son choix, être un hérédo ou un homme, une conséquence ballottée ou un principe, résister et vaincre, ou céder au sommeil de la volonté, devenir la proie des fantômes au dedans et des circonstances au dehors. Il peut aussi, à cette époque, réagir en se délivrant par l’initiative créatrice. Il est grand temps, car, sans cela, il ne s’appartiendra plus jusqu’à la mort et il aura traversé ce monde, ainsi qu’un pantin mû par les ficelles héréditaires. C’est afin de lui éviter ce naufrage que j’écris le présent essai.