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L’HEREDO.

signe de faiblesse bien plus que de force, et connu les joies de l’ordre et du renouveau intérieurs. Malheureusement il est de ceux qui croient qu’il est plus beau de ne pas se soumettre à une discipline. Ô illusion ! Celui qui n’accepte pas la discipline du vrai, se jette, par contradiction, dans celle du faux, bien plus dure et finalement décevante. Il est le Gribouille de sa destinée.

Car la conscience du soi nous enseigne qu’il y a un vrai et un faux, comme il y a un bien et un mal. Au lieu que la demi-conscience, le crépuscule du moi nous laisse croire — ce qui convient bientôt à la paresse de l’esprit — qu’il n’y a souvent ni vrai ni faux, ni bien ni mal, et que tout cela dépend des latitudes. Qu’est-ce que le scepticisme ? C’est la parole laissée successivement à tous nos ancêtres, c’est leur foule déifiée en nous, c’est le dialogue substitué à l’affirmation, puis dégénérant en discussion, en bavardage et finalement en clameur confuse. C’est pourquoi le scepticisme systématique est une manière d’aberration, dans le sens étymologique du mot. C’est pourquoi, même sublimement traduit, il aboutit chez son témoin.