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LE MOI ET LE SOI.

le souvenir est vénérable et dont les bons exemples sont précieux. Précisément parce que nous les continuons, il importe d’enrichir et de perfectionner la lignée, chacun dans la mesure de nos forces, et de n’être point dominés par eux. Que la substance s’ajoute à la substance, que les vertus de la race se renforcent, que soient éliminés les penchants funestes, que la neuve volonté s’exerce librement et souplement ! Que soient éliminés, s’ils viennent nous tenter, jusqu’aux travers et jusqu’aux tics. De même que l’Église nous apprend à nous racheter du péché originel et de tous nos péchés par la fréquentation de ses sacrements, de même la sagesse nous enseigne et nous conseille de rejeter les empreintes menaçantes et ce bagage congénital, qui nous incline au fatalisme ou au déterminisme absolu.

J’ai connu des victimes du moi, spectateurs passifs d’un drame intérieur auquel ils ne comprenaient rien du tout.

Celui-ci — appelons-le Errant, — obsédé par l’idée de la mort et de la désagrégation individuelle, d’une sensibilité suraiguë, voyageait beaucoup et notait. Il promenait et exprimait