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L’HEREDO.

son, qu’un minimum d’équilibre moral. J’en ai connu, et de très haut placés. C’est un drame fertile en péripéties pathétiques, que cet enorgueillissement d’infirmes de la sagesse, bien doués intellectuellement, qui se heurtent et se déchirent sans cesse aux ronces et buissons d’épines de leurs propres erreurs. Ceux-là, en vérité, se donnent beaucoup de mal pour nier leur soi et demeurer, jusqu’au bout, des esclaves hérédos, souvent chargés de connaissances et d’honneurs. La médecine, la science, l’art, l’histoire, la littérature, la politique ont récemment, comme depuis cent cinquante ans, foisonné en de tels vagabonds. Car mérite-t-il un autre nom celui qui, traversant cette existence si brève, ne s’est pas appliqué à se connaître et à se réaliser ? Combien en ai-je fréquenté, de ces faux maîtres, qui m’apparaissent aujourd’hui comme de vieux pauvres, sans pain, sans logis, ayant gaspillé les dons de Dieu !

La synthèse des éléments du soi, échappant à l’emprise ancestrale comme à ces illusions héréditaires de multiconscience, qu’on a pris naguère pour des dédoublements de la personnalité, cette synthèse s’opère dans l’acte