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L’HEREDO.

de la psychologie au XIXe et au XVIIIe siècle, vraisemblablement à la suite de Rousseau, lequel avait de bons motifs pour l’ignorer. Cet équilibre intellectuel et moral est cependant le propre de l’être humain, au moins autant que le langage. Par sa vertu seule, il est, se développe et s’accroît, ou, dans la déchéance de l’être, diminue et se rabougrit, sans néanmoins cesser d’être perçu par celui qui sombre. Comme l’aimant de la boussole cherche le nord, la raison humaine cherche l’équilibre, condition du bonheur intérieur. Elle ne l’atteint pas toujours, elle l’atteint même rarement. Mais sa recherche même part du soi et retourne au soi. Là nos aïeux ne sont plus pour rien, soit qu’ils se retirent, fantômes intimidés et débiles, devant cet essentiel vital, soit qu’ils s’interfèrent et s’annihilent dans ce chef-d’œuvre de compensation. L’influence du père avare est contre-balancée par celle de la mère prodigue, celle de l’oncle débauché par celle de l’aïeule chaste, et au milieu de cet équilibre de forces contraires, auquel le temps donne de la solidité, pousse, prospère et domine bientôt cette incomparable fleur de l’esprit, cime de notre