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L’HÉRÉDO.

tive ou généreuse, qui passe devant sa conscience, est amplifiée, dans son segment verbal, par un instinct génésique toujours en mouvement ; de sorte que le mot dépasse le sentiment ou l’idée ; puis la période, à son tour, dépasse la nécessité de l’expression. C’est le défaut d’une telle éloquence de sacrifier trop souvent la raison à l’attitude.

Chez Flaubert, disciple de Chateaubriand, l’élimination littéraire des hérédofigures, constamment reviviscentes, est beaucoup plus pénible et même douloureuse. La conception est ample, voire majestueuse, contrariée par une faiblesse de l’impulsion créatrice, qui retombe sur elle-même en ironie. Trop souvent cette ironie tourne à la grimace et au tic, par éclatement des hérédismes au centre de la personnalité. On sait que la décharge des résidus automatiques est allée, chez l’auteur de Madame Bovary, jusqu’à l’épilepsie. Mais cette épilepsie, ici encore, fut un effet et non une cause. Il y avait disproportion, chez Flaubert, entre le nombre et l’assaut des hérédosphères et le potentiel créateur et de projection du soi. D’où accumulation de mouvement dans le prolongement organique des hérédosphères et