Page:Léon Daudet – L’Hérédo.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
LE LANGAGE ET L’HÉRÉDITÉ.

et se répartissent des sensations, des présences, également congénitales et dont la rotation devant le soi amène la diversité des termes. Il n’est pas jusqu’aux accents provinciaux et aux idiotismes qui ne se transmettent ainsi, le long de la lignée, par les hérédofigures du moi. Dans les cas, naguère qualifiés de dédoublement ou de détriplement de la personnalité, — et que nous avons vu relever de l’autofécondation, — l’hérédofigure nouvellement apparue amène avec elle, entraîne dans sa giration, son langage, ses formes verbales, ses inflexions, ses tournures propres. Mais à la frange du soi, toujours persistante, correspond aussi une frange verbale intérieure, de sorte que ces personnes hantées recouvrent de temps en temps leur parler véritable, leur régime vocal autonome.

Sans aller jusqu’à l’autofécondation, certains hérédos, en proie à un ancêtre, ont une tendance à changer complètement de voix, dans la colère par exemple, ou dans la surprise. Celui-ci, qui avait une voix chantante, prendra une inflexion dure et saccadée. Celle-ci, qui possède à l’ordinaire un timbre élevé, presque criard, usera de tonalités graves, repro-