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L’HÉRÉDO.

ou, si cela ne suffit, toute l’hérédoconstellation dont fait partie le terme masqué. Chacun connaît ces minutes de trouble ou, ayant à présenter un monsieur à une dame, on ne se rappelle plus le nom du monsieur. C’est un phénomène analogue.

J’ai raconté ailleurs l’histoire d’un ingénieur russe, rencontré par moi à Lamalou-les-Bains. frappé d’aphasie à la suite d’une vive émotion morale et qui recouvra la parole avec le patois des îles Baléares, que lui avait enseigné sa majorcaine de nourrice. Ce patois avait jadis coiffé d’une présence verbale catalane une verbosphère russe. Puis l’interposition d’une hérédofigure quelconque s’était produite entre cet assemblage et le soi, sous l’influence de l’émotion, peut-être même une autofécondation avait-elle eu lieu ; d’où éclipse de toute la faculté du langage. À la cessation de l’éclipse, le soi, ressaisissant la verbosphère, avait rencontré tout d’abord la calotte verbale catalane. Deux jours après, le Russe parlait russe comme auparavant.

Le cri apparaît comme un segment de verbosphère héréditaire. La racine du mot en est un autre. Autour de cette racine se groupent