Page:Léon Daudet – L’Hérédo.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
LE MOI ET LE SOI.

physique et font les combattants d’élite. D’autres la possèdent dans le domaine intellectuel et font les chefs et conducteurs d’hommes, car leur supériorité, promptement discernée et reconnue, groupe autour d’eux la légion des êtres qui ont besoin d’un point d’appui. Mais s’il est donné à peu d’humains de posséder le tonus volontaire d’un Jules César ou d’un Richelieu, tous peuvent entretenir et développer en eux, par l’exercice, cette composante indispensable du soi. S’il est exact de dire que, quand nous cédons à nos penchants de tempérament, de caractère, et à nos aspirations vagues, nous sommes mus par nos ancêtres, il est non moins exact d’ajouter que, dans la tension de notre volonté réfléchie, en vue d’une action définie, nous ne sommes plus mus que par nous-même. Quel sera, demandez-vous, le critérium entre ces deux principes d’action si distincts. Il n’en est qu’un, mais puissamment étayé : l’équilibre par la raison.

L’équilibre par la raison, sans lequel toute sagesse dans la conduite de la vie et toute philosophie cohésive sont impossibles et même inconcevables, a été le principe le plus méconnu