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LE LANGAGE ET L’HÉRÉDITÉ.

politiques et philosophes. On peut imaginer des termes en quelque sorte surabstraits, qui seraient formés de prélèvements nouveaux, ou seconds, du soi sur ces nouvelles hérédofigures, et cela jusqu’à l’infini. Les lois naturelles, découvertes par les uns et par les autres, ne sont ainsi qu’une nouvelle façon de répartir et de nommer, au second degré, les hérédofigures. La science est un langage au second et au troisième degré.

Toute sphère verbale comprend un segment auditif, un segment visuel, un segment articulé, un segment chanté, un segment tactile, un segment gustatif — ces deux derniers infiniment réduits, dans la plupart des cas — et gravite en compagnie d’hérédosphères correspondant à une multitude d’hérédosentiments, d’hérédosensations, d’hérédopenchants. Aussi n’y a-t-il rien de plus évocateur et de plus composite, de plus particulier et de plus relié, même à l’organisme, qu’un mot. Si le mot fait pleurer, s’il fait rire, s’il fait sécréter, s’il meut les foules, c’est en raison de ses prolongements somatiques au sein des hérédosphères et des hérédoconstellations. Côté moi, le mot est à lui seul une complète revivis-