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L’HÉRÉDO.

par une raison autochtone, par un soi puissant. C’est aussi ce qui nous explique que le soi d’une petite bergère ou d’une humble pastoure, ignorante des tentations humaines, soustraite à l’instinct animal, élevée dans un milieu sain, laborieux et paisible, que ce soi, administrant et équilibrant des hérédoconstellations sages, amène ici-bas des révélations plus profondes, des événements plus surprenants et féconds que le soi d’un grand capitaine ou d’un savant illustre. La raison humaine, dépouillée de ses scories et de ses nuages, réglant ce ciel intérieur, où gravitent harmonieusement, et dans une liberté égale à leur harmonie, des hérédoconstellations en partie sages, n’a presque pas de limites, dans la portée de ses actes et de ses réalisations terrestres. Elle est comme le feu divin, providentiel, qui se transmet. Elle peut guérir les plaies, sauver les peuples et bouleverser les royaumes. Cette paix intérieure, que l’on appelle l’humilité, et qui a d’ailleurs toute la majesté d’un beau soir, se trouve ainsi le plus grand réservoir de forces, le plus grand dispensateur d’énergies connu. Je l’appellerai le levier du monde.