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L’HÉRÉDO.

nement continu des atavismes et le manque de réaction de l’équilibre sage, aussi bien que du tonus du vouloir. J’incline à penser que, chez lui, l’effervescence héréditaire était activée par une pointe pathologique, vraisemblablement par le tréponème. Chez lui, comme chez Maupassant et comme chez Nietzsche, l’impulsion créatrice a été incapable, à un moment donné, de libérer tous les hérédismes, de faire éclater toutes les constellations intérieures qu’animait l’instinct génésique. Quand il disait tristement, regardant un grand arbre : « Je mourrai, comme celui-ci, par la tête », il sentait déjà le tourbillonnement des hérédo-images monter en lui, avec l’impossibilité de les expulser, ou de les dompter en les ordonnant. Cette phrase amère était le renoncement de son soi.

Hogarth est un des humains qui sont descendus le plus profondément en eux-mêmes, qui se sont le plus froidement examinés et analysés. Son œuvre en est la preuve. Le Mariage à la mode, l’École du roué, l’École de la fille, encore que projection d’hérédoprésences et de souvenirs personnels, traduisent surtout, avec une formidable intensité, l’éli-