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L’HÉRÉDO.

l’assassinat. Jamais j’en ai mieux compris qu’à la lumière de son rictus l’épouvantable puissance de l’or. J’en ai rencontré d’autres, au cours de l’existence, hommes et femmes, comblés de richesses, accessibles à la pitié, mais qui compliquaient la charité — par désir d’originalité — jusqu’à faire d’elle un instrument de torture et d’oppression. Celle-ci avait la marotte des logements ouvriers et dépensait des sommes considérables à l’établissement de ces salles de bain, vite transformées en débarras, si ce n’est en sentine pour les enfants, en vomitorium pour le père ivrogne. Celle-là venait en aide à certaines infortunes déterminées, et non à d’autres, pratiquait l’aumône à compartiments, la philanthropie logique et scientifique. Cette autre s’intéressait aux nourrissons, mais pas à leurs mères, aux femmes en couches, mais pas aux femmes relevées, aux orphelins, aux aveugles, aux paralytiques à condition que… dans la mesure où… jusqu’au point où… Leur générosité, réelle au début, promptement oppressive, tournait ainsi peu à peu, sous l’influence génésique et héréditaire, à l’assouvissement de tics, de manies, à une reviviscence d’ascen-