Page:Léon Daudet – L’Hérédo.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
L’HÉRÉDO.

moi, a là son plus complet épanouissement. Michelet les extériorise, les situe et les nomme, ces composants : il les appelle Danton, Robespierre, Saint-Just, Camille Desmoulins, Condorcet, etc. Mais cette substitution de noms à des aberrations successives ne trompera aucun lecteur habile désormais à déceler les protagonistes du drame intérieur et de son troisième acte : l’assaut du soi par les hérédismes.

L’historien le plus profond, le plus lucide et le plus équilibré de notre pays, j’ai nommé Fustel de Coulanges, demandait habituellement à ses élèves : « Avez-vous un texte ? » Chez Michelet, l’absence de texte est proportionnelle à la débauche imaginative. Tout document précis lui serait insupportable, comme dérangeant une de ces idées préconçues, d’apparence généreuse, dont est tissé son fanatisme. Il procède par bénédictions et malédictions, par apologies et par anathèmes, par extase et par dégoût. Sa prétendue histoire est un tribunal fou, où comparaissent ses propres fantômes intrapsychiques.

Sensiblement moins arbitraire — découlant encore néanmoins de l’humeur héréditaire —